De  Chapala à Morelia

 

dimanche 7 octobre 2001, Ajijic (70 km sud de Guadalajara), État de Jalisco.
 

Nous avons percé les nuages et traversé la Mer de Cortez. L'avion pour Guadalajara fut notre seul échappatoire. S'envoler haut, encore plus haut, et laisser à travers les hublots La Paz et la Basse Californie. A peine trois semaines de voyage et déjà notre itinéraire a changé de visage. 

Loin du Canyon du Cuivre et de ses paysages grandioses et imaginés, nous avons déambulé sur les trottoirs de Guadalajara, 1550 m. d'altitude, 6 millions d'habitants. La grosse pierre grise de la ville, le bruit de la rue impressionnant et oppressant - chaque bus qui traverse l'avenue Independencia est un monstre noir et étourdissant-, la foule immense et fourmillante ... fuir, fuir cette pollution et s´échapper à 60 km de là, au lac de Chapála.

 

 

 

lundi 8 octobre 2001, Chapala, État de Jalisco. 

Étrange endroit ce lac où les jetées se perdent dans des prairies en friche et où les phares n'éclairent plus que les vaches et les chevaux. L'eau est encore là mais chaque jour un peu plus  loin du "malecon" (remblais). Il y a quelques (petites) années, la rivière qui alimentait le lac a été détournée. Et puis s'ajoutent  la pollution, l'évaporation ...

Un spectacle désolant et étrangement poétique.

 

 

 

mercredi 10 octobre 2001, Ocotlán (120 km est de Guada.), État de Jalisco.

 La route change. Les kilomètres s'enfilent et les montagnes se couvrent d'un fin maquis. La route qui borde le lac ne devait pas être la nôtre mais en se perdant sur le chemin, nous avons goûté avec délice aux pistes caillouteuses. 

Deux heures pour faire 30 km dans ce bus rebondissant sur chaque pierre et dans chaque trou de cette longue piste. Mais que la route est belle !

 

 

samedi 13 octobre 2001, Angahuan (50 km nord ouest d'Uruapan), État de Michoacan. 

Les paysages ne cessent de se colorer : le vert des forêts de pins et les innombrables arbres fruitiers. Le rouge de la terre de Michoacan. 

Angahuan, prononcer ce nom, il résonne autrement. 

Nous voilà en terre indienne. Au village, les femmes, vêtues de jupes colorées, discutent en langue Purépecha. A 50 km de la ville d'Uruapan, on avance un peu plus dans la ruralité indienne. Un peu plus de boue dans ces rues de terres pavées, des baraquements rudimentaires parfois, et à l'entrée du village, un trou béant où s'entassent les ordures et s'invitent les cochons. 

Pas facile de déambuler dans cet environnement si éloigné du notre (notre pudeur européenne) et pourtant tout vit ici, dans ce qui nous paraît si chaotique. Les femmes préparent les tortillas, des enfants jouent à la poupée sur le seuil d'un garage, on entend une radio et le bruit des soudures dans un atelier. De notre jardin, chez Jose Perucho (notre premier campismo !), nous surplombons les toits de tôles. Devant nous les pics des yucas se dressent vers le ciel nuageux. 

 

Au loin le volcan de Paricutin n'est plus une menace... Il y a près de 60 ans, il a ravagé la ville de San Juan, déversant ses colères de laves sur les habitations et les champs de maïs. 

Nous avons marché sur la pierre noire autour du clocher et du temple, seuls rescapés de cette irruption. Sous nos pieds une ville engloutie.

 

 

Ce soir, les commerçants se livrent à une joute effrénée de réclames sauvages. Une cacophonie ahurissante résonne dans les montagnes. Entre la musique et les aboiements incessants des chiens, des microphones hurlants vantent les meilleurs tacos du village. 

La fraîcheur s'est installée, Jose nous prépare un feu dans une petite cahute. Nous nous endormons dans nos duvets, ivres de bruits et pourtant, si reposés, si biens.

 

 

 

jeudi 18 octobre 2001, Morelia (entre Guadalajara et Mexico), État de Michoacan.

 Nous croisons Patzcuaro, l'indienne, semée entre les douces collines de pins et un lac bleuté qui s'enfuit peu à peu (quelle mauvaise habitude!). La petite ville appétissante et vivante que l'on sillonne des arcades aux marchés, des ruelles pavées aux monuments coloniaux, agréablement mêlés au quotidien de la ville. 

Puis Morélia la belle. Une cité à l'architecture exceptionnelle, édifiée dans une pierre rose rectangulaire. Des églises, des palais, des fontaines, un aqueduc ... Morélia, trop belle peut être. Une dame au cœur rose que la beauté aurait rendu froide, laissant échapper de ses pierres bien moins de mystère que sa rivale indienne, Patzcuaro. De la symétrie de ses rues pastel, Morélia la belle, a poussé la vie grouillante dans ses faubourgs.

 

 

vendredi 19 octobre 2001, Cuitzeo (30 km nord Morelia - alt. env. 1900 m ), État de Michoacan.

Nous poussons au nord vers Cutzeo, une ville de passage qui ne vit malheureusement plus aujourd'hui qu'au travers de son extraordinaire monastère augustinien du 16ème siècle, abandonné dans les années 50. Sur les murs du cloître, les fresques disparaissent avec le temps. Là, une tête d'ange souriant dans le bleu délavé, ici la corne d'un mouton sous un nuage, ou serait-ce un cumulus de peinture qui s'écaille ?

Dans les longs couloirs silencieux, nous déambulons seuls, s'invitant dans les cellules vides des pères et des novices. Devant les jeux d'ombres et de lumières, Pierre-Yves rage de ne pas avoir emporté de trépied. Dehors, les branches des orangers et des citronniers embrassent la pierre chaude des patios.

 

2/6

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