Basse-Californie

 

22 septembre 2001, San Diego, USA

USA ! nous y sommes. Et dans le climat actuel comment s'y tromper : la bannière étoilée flotte sur le toit des voitures et aux fenêtres des immeubles. Dans les airs, sur la terre, nous la verrons partout. 

Un court passage à Venice et Downtown L.A et nous voilà à 25 minutes en trolley de la frontière mexicaine. San Diego Downtown a des allures de disneyland et sur G Street on se prend à rêver au volant d'une chevrolet. Plus loin, Horton Plaza résonne, une manifestation pacifiste s'est installée ("no racism war",  "no bombing for justice"). 

De l'autre côté de la rue, de simples badauds se transforment en virulents orateurs, patriotes exacerbés. 

La nuit tombe, on s´amuse à regarder l´agitation édulcorée du "saturday night". Une douce musique orchestre le va et vient de la jeunesse dorée de San Diego. Un manège scintillant s´installe dans les rues du centre, entre les "bonbons roses" et les jeunes gars de bonnes familles. Les limousines tournent ... une certaine Amérique s´amuse ce soir.

Chambre 610, On s´endort au son d´une sirène hurlante de pompiers. Juste un dernier coup d´oeil par la fenêtre, le temps de se dire : on est à San Diego. Dans le ciel, nous comptons les lumières, 1,2,3,4,5. Cinq avions s´approchent de la ville. 

Demain, aux aurores, le Blue Line Trolley nous mènera au poste frontière de San Ysidro. Bienvenida a Tijuana ... 

 

 

jeudi 27 septembre 2001, Loreto (360km nord de La Paz), État de Basse Californie Sud.

 Bienvenida en Mexico ! 

Combien de cactus, candélabres épineux, avons-nous croisés depuis la frontière ? Combien de carcasses de voitures empilées, désossées, sur cette transcalifornienne ? Nous regardons ce paysage poussiéreux, sec et dur depuis la fenêtre du bus. Les vautours tournoient dans la chaleur et leurs rondes de feu nous file la chaire de poule. 

Dans ce désert les "pueblos" se succèdent avec leurs épiceries, bazars, garages. La route est si droite par moments, sinueuse par endroits.

A San Quintin, nous attendrons six heures notre transfert au terminal de bus. Six heures durant lesquelles nous verrons défiler un peu du Mexique, dans ces gens et sa misère aussi. Cette famille qui, dans la nuit, arrive avec ses 4...6 puis 8 enfants, déchargeant tour à tour dans le quart de la salle toutes leurs trouvailles de la journée. Des vélos, des chiffons, des ferrailles, des casseroles... Un énorme fourbi sorti tout droit de la décharge. Un enfant fait glisser le petit train récupéré. Il nous sourit, baille et dans le même élan traîne son petit frère dans la poussière du terminal. Un à un, ils s´endorment par terre, se roulent dans leurs couvertures. 

Il fait étonnement froid ici.

 

Après avoir avalé tant de poussières et de kilomètres, nous posons nos sacs à Buenaventura, une des nombreuses plages de la Bahia Conception. Une baie immense d´une eau limpide où se jettent une chaîne de montagnes aux couleurs étonnantes. Le changement de température est incroyable. Dans l´après midi, on frôle les 40 C. L´eau devient notre obsession... 

De notre cabana de palmiers, nous assistons à un coucher de soleil rose et violet. Au loin, de grands pélicans bruns survolent le golfe. Tout d´un coup, l´un d´entre eux plie ses ailes, s´immobilise, plonge à pic dans l´eau d´une hauteur de 20 mètres et disparaît un instant. Le bruit nous a surpris. Nous regardons ce kamikaze ailé qui réapparaît tenant dans son bec un poisson argenté. 

Sur le port de Loreto, nous nous amusons à observer ces météorites surprenantes qui se mêlent aux pêcheurs. Le soleil se cache derrière les montagnes rosies.

 

 

 

 

vendredi 28 septembre 2001, Loreto.

Nous avions nos sacs sur le dos (lourds lourds!) prêts à partir pour La Paz, le pouce tendu, un "rail" comme on dit ici. Mais, étrangement le ciel noir et menaçant, ne nous poussait pas à prendre la route. Nous avons rebroussé chemin et emmitouflés dans nos ponchos, essuyés une terrible averse tropicale. 

Le ciel nous avait prévenus, Juliette s´avançait ... 

 

 

 

 

dimanche 30 septembre 2001, Loreto.

Durant trois jours, Juliette (quel joli nom pourtant) s´est acharnée sur la partie sud de la Basse-Californie. Les vents violents et les incessantes pluies tropicales ont provoqué crûes, inondations, ruptures de ponts...

A 400 km au sud, La Paz et Los Cabos ont terriblement soufferts. 12000 personnes sans abris, plus d´éléctricité, plus d´eau potable ... Ici la ville a été "épargnée"et se réveille ce matin avec ses rues boueuses et son front de mer meurtri. En attendant patiemment la réouverture de la route pour La Paz et le rétablissement du téléphone, nous avons fait la connaissance de Daniel et Marissa, un jeune couple mexicain, qui nous font découvrir le Mexique, ses cocktails et ses fruits de mer.

Les palourdes géantes et les crevettes marinées sont aussi notre soleil aujourd´hui..

 

 

 

 

mercredi 3 octobre 2001, Loreto.

Ça fait maintenant une semaine que nous sommes ici. Loreto nous semble, d´un jour à l´autre, plus familière. Ses habitants aussi. Jorge, un gaillard imposant et timide. Rafael, bon vivant d´Oaxaca. Anna, notre voisine canadienne, dans cette chambre minuscule depuis presque une année, cantatrice échouée et solitaire ... Mais aussi ces américains grisonnant, aux allures d´anciens rescapés (!) du Vietnam, reconvertis en fisherman.

I´m the Fisherking !

 

Les communications se rétablissent peu à peu, et sous la chaleur, les rues sêchent, laissant voler sur les trottoirs une épaisse poussière. Le vent a provoqué d´énormes chutes de feuilles, de palmes et de fruits dans les jardins. Les fortes odeurs de pourritures se dissipent lentement.

Nous n´irons pas jusqu´à l´arche de San Cabo, tout au bout de la péninsule, ni nous promener à la "playa del amor". Tout est dévasté. Aujourd´hui, il nous faut gagner le port de La Paz au plus vite pour s´aventurer vers le continent et le Canyon du Cuivre.

Ou ailleurs car au loin se profile déjà un nouvel orage...

 

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