Le Chiapas

 

lundi 12 novembre 2001, Tuxtla Gutierrez (580 km est d'Oaxaca - alt. 530 m), État du Chiapas.
 

En pleine nuit, le bus a dû stopper sa route vers le Chiapas. Une raffinerie explosée, une histoire de route coupée, des poissons contaminés... difficile à comprendre ... 

Il faut attendre (...): et nous sommes obligés de "dormir" sur les sièges du terminal de bus de Salina Cruz. Drôle d'anniversaire pour Pierre-Yves, enfin bon! En tout, presque 24 heures (au lieu de 10 heures) pour rejoindre Tuxtla Gutierrez, la capitale du Chiapas. La ville est bruyante et notre petit paradis "pacifique" loin derrière nous.

 

Nous retrouvons les commerces grouillants, et par bonheur nos chères "panaderias" du matin ! Des boulangeries enchanteresses : à l'entrée, nous attrapons un énoooooorme plateau et sa pince... 

Les viennoiseries sont installées sur des étagères, trois, parfois quatre étages de petits pains dorées, de biscuits chocolatés (...) sous nos yeux !! Dur de résister. On tourne. Celui-ci, celui-là, que choisir ce matin ? 

D'un geste d'excitation, on fait claquer la pince, un concert de clacs-clacs s'installe, un ballet de gourmands au milieu des croissants. Le plateau déborde, on paye à la caisse quelques pesitos et ... on engouffre notre trésor sur le trottoir ou sur le banc prés du kiosque ... une journée qui commence bien!

 

 

 

jeudi 15 novembre 2001, Hidalgo, Parque de Montebello (60 km sud-est de Comitan - alt. 1500 m), Etat du Chiapas. 

Le "collectivo" Volkswagen vrombit à toute allure. Il stoppe sa route ça et là aux abords des villages, débarque peu à peu les nombreux passagers et tout leur chargement. Nous sommes douze en tout dans ce petit bolide rond en route pour les lacs de Montebello. 

La lumière est belle, le soleil descend sur la plaine et donne au paysage une atmosphère de savane. Nous approchons des montagnes de pins du Parc. Dans ces forêts touffus se cachent plus d'une cinquantaine de lacs colorés.

 

 

Le combi nous laisse chez Dona Maria à l'auberge Orquedia où une petite cabane de bois rudimentaire sera notre maison durant trois jours. 

Jorge nous prépare une assiette de frijoles, une omelette et quelques tortillas. Il est étasunien (et oui l'Amérique est un continent!) mais a définitivement fui son pays il y a maintenant 8 ans. Nous mangeons dans la cuisine près du feu, parmi les chats, un énorme chien Husky, des enfants et Jose, un mexicain d'une quarantaine d'années. Jose connaît les terres du Chiapas comme sa poche. 

Demain, nous partirons ensemble sur le chemin des grottes.

 

 

 

vendredi 16 novembre 2001, Hidalgo, Parque de Montebello (60 km sud-est de Comitan - alt. 1500 m), État du Chiapas. 

Nous avons marché toute la matinée, traversant des pinèdes et des cours d'eau, empruntant des chemins coupés à la machette dans une végétation devenue semi-tropicale. Partout autour de nous des bromacées perchés aux arbres, des champs d'orchidées à nos pieds ... 

Jose nous a emmené avec les enfants jusqu'aux grottes par des chemins d'aventures.

On s'est assis tous les six, loin dans les cavités obscures, à écouter le son des gouttes tomber sur la roche, éclairant les colonnes majestueuses des stalagmites et des stalactites. Au retour, dans le combi, Jose négocie le repas du soir à un jeune mexicain. Une dizaine de poissons fraîchement pêchés dans les eaux vives des lacs.

 

 

samedi 17 novembre 2001, Hidalgo, Parque de Montebello .

Nous revenons du lac de Tziscao, la nuit va tomber ... Un à un, nous sortons du pick-up bâché qui a bien voulu nous ramener jusqu'à chez Dona Maria. Chacun dégourdit ses jambes, après la dizaine de kilomètres recroquevillés parmi les régimes de bananes et les cannes à sucre. 

Cinq heures de marche dans les pattes, nos pantalons couverts de boues, le visage encore boursouflé des piqûres de moustiques (mais rien à craindre ici). Demain, nous quitterons notre pension. Ici, nous n'avons pas su qui était les mères, les pères, les frères ... Peu importe, nous quittons une grande famille chaleureuse. Elle se débrouille tant bien que mal, vivant des quelques routards de passage dans le Parc. 

Dans la baraque, tout est sommaire et pauvre. Mais la chaleur de cette cuisine est si particulière. Une riche hospitalité transmise par Dona Maria qui toute sa vie s'est occupé des réfugiés guatémaltèques.

 

 

 

jeudi 22 novembre 2001, Palenque (nord du Chiapas - alt. 150 m), État du Chiapas. 

Le Chiapas regorge de montagnes verdoyantes, de rivières fraîches et de cascades. Sur la route qui mène à Misol-Ha (20 km au sud de Palenque), les oiseaux s'ébattent dans les plantations de bananiers. Un couple coloré se posent non loin de nous : du rouge, du jaune, du bleu éclatant parmi la verdure et les orangers. 

Plus tard, assis en contrebas de l'immense cascade de Misol-Ha, nous assistons béats à notre premier vol de toucans !

 

 

 

dimanche 25 novembre 2001, Palenque.

Dans une chaleur humide et étouffante, nous grimpons toutes les marches de tous les édifices somptueux du site archéologique de Palenque : des palais, des temples et le tintinesque Temple du Soleil. Le site est encerclé par la jungle. 

De gigantesques arbres ont recouverts les lieux et seul un tiers du site est accessible au visiteur. Nous nous échappons dans cette forêt de lianes et de troncs immenses. Quelques vestiges dorment sous la mousse. Sur les ruines des palais ont poussé de majestueux arbres, dont les racines se plaisent à descendre les marches des escaliers perdus. 

Le souffle du temps nous traverse : les Mayas sont bien loin, presque irréels dans cette nature si exubérante. On rêve un instant d'être les premiers à découvrir ces merveilles ... 

 

Un bruit de feuillages nous attire, nous étirons nos têtes vers le ciel, scrutant les branches. Là, ça bouge ! On ne parle plus, immobiles ... à quelques mètres de nous un singe araignée se dandine tel un acrobate, sa longue queue noire enroulée sur les branches. 

Nous voilà tout chose, ébahi de pouvoir assister à ce spectacle.

 

Demain, nous quittons la ville de Palenque qui malheureusement ne fait pas partie du Chiapas généreux et accueillant que nous avons aimé. En route pour le Guatemala ! 

Une nouvelle fois, nous changeons notre itinéraire. Nous passerons la frontière du Mexique au Guatemala par la jungle et le Rio Usumacinta, plus sauvage et excitant que la montée vers le Yucatan...

 

Deux mois de chemins mexicains et déjà pas mal de pellicules noir et blanc dans nos sacs. Des lumières des lacs aux paysages pittoresques du Mexique, nous avons figé nos instants de route, nos atmosphères de voyage et nos rencontres. 

Mais difficile de photographier les gens sans les connaître ... Trop de touristes ici mitraillent indélicatement les gens et oublient aussi de vivre les instants présents pour le "on y était", seule chose qui compte sans doute à leurs yeux ... 

 

Le Mexique est un pays immense, sur les cartes mais aussi dans ses réalités variées et disparates. Beaucoup de misères, de petits boulots, de débrouille, de richesses aussi. 

Une nature merveilleuse et si riche que le Mexique aurait besoin de protéger plus. Ici, la conscience écologique est trop rare. Trop de fossés souillés, trop de bas côté de routes "poubelles" (quand on boit son coca, il est naturel de le jeter par la fenêtre). 

 

Des gens souvent très aimables et honnêtes. Et puis de l'autre côté, un tourisme grandissant qui pervertit quelquefois les relations. Trop d'endroits ne dépendent que du tourisme. C'est parfois dur à vivre, dans les deux sens.

 Comme ce jour où une troupe d'enfants guatémaltèques nous avait assaillis à la frontière de Tziscao quand nous nous promenions avec Jose. Au Mexique, certains enfants apprennent à profiter du tourisme avant d'apprendre à lire et écrire.

 

mardi 27 novembre, Lacanja (Réserve de Monte Azules, 30 km de la frontière - alt. 150 m), État du Chiapas.

 Nous rejoignons la frontière par les sites de Bonampak et Yaxchilan enfouis dans la jungle. L'accès à Bonampak par ses propres moyens est très difficile. Les 13 km de pistes qui séparent le site de la route se monnaient très cher. L'accueil est pitoyable, on essaye de nous tirailler des pesos dans tous les sens ! 

Pourtant, le site mérite le détour pour son contexte de jungle et ses superbes peintures murales très bien préservées. Nous sommes les seuls sur le site et on nous demande une fortune pour nous reconduire à la route. Énervés, nous décidons de partir à pieds, nos lourds sacs (chargés de nourriture...) sur le dos. 

 

9 km à pied et 2 h 30 plus tard, exténués mais la tête haute d'avoir échappé à cette arnaque, nous croisons par chance un indien lacandon qui nous accompagne jusqu'à son village de Lacanja.

 

Cette nuit là, nous dormons dans le jardin de la famille d'Asinto et préparons notre popotte sur le feu familial. La soirée se prolonge tranquillement avec cette jeune famille : Asinto, Lola et leurs deux adorables enfants, Chamuk et Chantik.

 

 

 

mercredi 28 novembre, Frontera Corrozal (Parque Ceibal, frontière Mexique / Guatemala - alt. 150 m), État du Chiapas.

De l'autre côté du Rio Usumacinta, la terre devient Guatemala. Les femmes et les enfants se baignent près des lanchas qui sillonnent le fleuve. Avant de traverser cette frontière naturelle, nous partons découvrir notre dernier site mexicain, Yaxchilan.

Une heure de lancha, seul accès au site, en compagnie d'un couple d'australiens et deux tchèques. Dans des hectares de jungle, les ruines se dévoilent. Seuls quelques chants d'oiseaux viennent rompre le silence ... Yaxchilan restera notre site préféré du Mexique. Une belle sortie.

Demain, nous traversons la frontière au petit matin, dans les brumes du rio.

 

6/6

 

 

 

 

 

 

 

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